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REFLEXION SOMMAIRE SUR LA DIDACTIQUE

 

« La didactique scolaire est une théorie construite de l’exercice qui, par un ensemble de situations instrumentales finalisées définit, pour chaque matière d’enseignement, un contenu structuré et hiérarchisé, afin de guider l’apprentissage des élèves.

La didactique scolaire sanctionne alors le passage de la discipline d’enseignement à la matière d’enseignement, en transformant un objet d’enseignement en contenus d’enseignement ».

Pierre Arnaud, Psychopédagogie des A.P.S., Privat, 1985.

La didactique, terminologie essentiellement francophone, est l'étude des questions posées par l'enseignement et l'acquisition des connaissances dans les différentes disciplines scolaires. Se sont ainsi développées depuis une trentaine d'années environ, des didactiques des mathématiques, des sciences, du français, des langues …

La didactique se différencie donc de la pédagogie par le rôle central des contenus disciplinaires et par sa dimension épistémologique (la nature des connaissances à enseigner). Les travaux de didactique sont généralement menés par des chercheurs issus de la discipline de référence.

La pédagogie, concerne la mise en oeuvre, c'est-à-dire tout ce qui concerne l’organisation de l’intervention de l’enseignant au sein de sa classe.

Elle concerne toutes les opérations effectuées par l’enseignant pour favoriser l’émergence d’un contexte d’apprentissage.

La pédagogie renvoie à la notion de mise en scène.

La recherche didactique, quant à elle, insiste sur l'idée que pour être enseignée, une discipline doit être rendue enseignable, accessible à des apprenants. Processus formalisé, tant pour la conception des programmes que pour la pratique de classe, par le concept de transposition didactique.

« Toute pratique d’enseignement d’un objet présuppose en effet la transformation préalable de cet objet en objet d’enseignement » (Verret Michel, Le temps des études, 1975).

La transposition didactique est « un processus didactique entre la justification sociale du savoir scolaire qui se pose dans l’alternative ressemblance/dissemblance à l’égard du savoir de référence, et le sens que les apprenants accordent à leur savoir, lorsqu’ils le confrontent, après coup, à la pratique d’origine » (Terrisse A, « Transposition didactique… », Recherche en EPS : bilan et perspectives, Editions Revue EPS, 1998).

 

« L’école n’enseigne pas de savoirs à l’état pur mais des contenus d’enseignements qui résultent de croisements entre logique conceptuelle, projet de formation et contraintes didactiques. Ces transformations que subit le savoir savant ne doivent donc pas s’analyser en terme de dégradations mais en terme de nécessité constitutives, les contenus d’enseignements n’étant pas seulement des réductions régressives mais des élaborations originales » (Bos Jean Claude, « Transposition didactique… », Recherche en EPS : bilan et perspectives, Editions Revue EPS, 1998).

 

La didactique peut renvoyer à deux aspects

Þ    Etude des processus d’élaboration du savoir.

Elle s’intéresse donc à la structure des savoirs d’une discipline.

Centration sur les contenus disciplinaires.

 

Þ    Etude des processus d’acquisition du savoir.

Elle s’intéresse donc aux conditions d’appropriation par l’élève des savoirs d’une discipline.

La didactique s’enracine donc dans un double système de références :

 

v     La connaissance de l’objet enseigné, (le savoir à transmettre), qui renvoie à l’épistémologie du savoir, (l’enseignant doit connaître « le connaissable », c'est-à-dire l’objet de son enseignement.)

v     La connaissance du sujet qui apprend et qui renvoie à des données sur l’apprentissage.

 

Ces deux systèmes de référence constituent les deux entrées principales pour répondre à la problématique de l’enseignement.

ü      Une entrée épistémologique, indispensable pour ce qui concerne l’origine, la structure et les méthodes de production du savoir, (analyse des pratiques de référence).

 

ü      Une entrée psychologique, essentielle pour ce qui concerne l’étude de l’activité et du fonctionnement de l’élève en train d’apprendre.

 

Cette double préoccupation didactique va avoir des incidences sur les modalités de l’intervention pédagogique, puisque celle-ci renvoie à la fois au « quoi enseigner » et au        « comment faire apprendre ».

En effet, ce qui intéresse la didactique, en plus de se focaliser sur l’objet d’enseignement, c’est la réflexion sur les façons d’apprendre des élèves et leurs interactions avec les contenus disciplinaires, avec le savoir enseigné.

 

La didactique s’intéresse donc au sens que peut avoir le savoir pour l’élève.

×        Quel intérêt il y a pour l’élève à lui faire apprendre tel savoir à tel moment ?

×        Quelles sont les incidences sur les stratégies de l’enseignant ?

×        Si la réflexion épistémologique s’arrête aux portes de la classe, en est-il de même pour la réflexion didactique ?

S’intéresser au triangle ou au système didactique, c’est analyser ce qui se passe lorsque la situation réunit un enseignant et des élèves autour d’un savoir qui devient enjeu de formation pour l’un et enjeu d’apprentissage pour les autres.

 

Le triangle didactique représenterait le schéma de base d'une situation d'enseignement. Il vise à mettre en évidence les nécessaires interactions (côtés du triangle) entre 3 pôles (les trois sommets du triangle) : le savoir, le maître, l’élève.

 

Zone de Texte: SAVOIR
Zone de Texte: 1
Zone de Texte: 2
Zone de Texte: Le triangle didactique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Zone de Texte: ELEVE
Zone de Texte: 3
Zone de Texte: ENSEIGNANT

 

 

  

1= étude des processus d’élaboration du savoir.

Elle s’intéresse donc à la structure des savoirs d’une discipline.

 

2 = étude des processus d’acquisition des savoirs.

Elle s’intéresse donc aux conditions d’appropriation par l’élève des savoirs d’une discipline.

 

3 = étude des relations entre l’enseignant et l’apprenant.

Elle s’intéresse donc aux représentations que l’un a envers l’autre en situation d’enseignement.

Zone de Texte: LES INTERACTIONS SONT DYNAMIQUES ET PERMANENTES

 

 

 

Ce schéma permet d'analyser différents modes pédagogiques.

L'une des propositions récentes est celle du maître médiateur : celui-ci n'est alors plus celui qui donne le savoir à l'élève (on parle alors de savoir réifié), mais celui qui aide l'élève à s'approprier un savoir.

Ces interrelations nécessitent la mise en place d'un milieu didactique propice à l'acquisition des connaissances par les élèves.

 

Pour cela, il est fait référence à a théorie constructiviste selon laquelle en premier lieu il importe de tenir compte de ce que l'esprit de l'élève n'est pas vierge et n'est pas un récepteur passif d'un savoir qui serait donné par l'enseignant. En conséquence, les méthodes purement transmissives sont inefficaces à moyen terme.

Il s’agirait de tendre vers l’incitatif et l’appropriatif qui, comme leur sens l’indiquent, valorisent l’incitation de l’élève à se questionner pour trouver des solutions et apprendre ainsi en s’appropriant le savoir auquel il donne un sens.

En second lieu, il faut tenir compte de ce que la compréhension, qui passe par la structuration des connaissances, est une opération qui s'effectue dans le cerveau de l'élève. La conséquence est que c'est l'élève qui construit son savoir on ne peut pas intervenir directement à ce niveau : il faut plutôt agir sur les représentations en place et partir de ce que l’élève attend.

 

La conséquence est la nécessité de prendre en compte les conceptions (représentations) personnelles de l'élève qui constituent autant d'obstacles à l'élaboration de nouvelles connaissances. Cette élaboration doit passer par des remises en question de ces représentations personnelles, puis par une acquisition de nouvelles conceptions. Ces phases successives de destruction - reconstruction constituent autant de ruptures dans la construction du savoir.

 

La situation problème répond en partie à cette préoccupation : il s'agit de situations didactiques construites autour d'un "problème", le terme désignant un questionnement, une énigme, issue d'un objet, d'une observation, etc. (en général avec un support concret), dont la résolution nécessite l’investissement des élèves.

Les élèves n'ont pas au départ, tous les moyens de répondre à la question. Ils doivent tout d'abord s'approprier le questionnement (dévolution) et mettre en œuvre leurs connaissances et leur ingéniosité pour trouver une solution (en passant par une expérience concrète si besoin).

 

La situation didactique peut être choisie par l'enseignant de façon que le problème révèle un conflit (cognitif) et que la résolution corresponde donc au franchissement d'un obstacle.

Enfin, l'activité n'est pas nécessairement individuelle mais peut reposer sur un travail de groupe pouvant faire apparaître des conflits socio cognitifs.

 

 

EXEMPLE EN EPS. Les Activités Physiques Sportives et Artistiques (A.P.S.A.) : OBJETS de l'E.P.S.

 

 « Il faut que le maître maîtrise le connaissable, qu’il explore dans tous les sens les connaissances qu’il doit faire acquérir, comprenne leur genèse et leur logique,prospecte toutes les ressources qu’elles offrent et cherche surtout toutes les entrées, tous les chemins qui permettent d’y parvenir ».

Philippe Meirieu, « Apprendre, oui mais comment ? », E.S.F., 1987.

 

« Faire l’analyse d’une activité du point de vue de ce qu’elle offre comme possibilité éducative est le préalable nécessaire à toute utilisation des activités ».

Alain Hébrard, « E.P.S., Réflexions et perspectives, revue E.P.S., 1986.

 

INSTRUIRE

EDUQUER

FORMER

Un point de vue culturaliste ?

 

Apprentissage d'une culture spécifique relevant de connaissances et de savoirs appartenants à des objets culturels de notre époque que sont les pratiques sportives.

 

On s’intéresse davantage à la construction de la motricité, motricité qui au départ est « brute » et qu’il faut façonner au regard du champ culturel des A.P.S.A.

 

On retrouve le premier aspect de l'éducation:

Rappel: « Les A.P.S. sont un élément fondamental de l’éducation, de la culture et de la vie sociale » ; article 1er de la loi Avice du 16 juillet 1984 relative à l’organisation et à la promotion des A.P.S.

Les APSA « Constituent un domaine de la culture contemporaine », Programmes d’E.P.S. du collège.

Champ culturel correspondant aux A.P.S.A. qui relèvent de pratiques sociales de référence étant reconnues sur le plan culturel.

Ont le statut d’objet culturel ayant une reconnaissance sociale.

Un point de vue citoyen ?

 

Aller vers une gestion de sa vie physique future en toute sécurité.

 

Conduire, guider, développer, élever l’individu au rang“d’homme cultivé” et d’homme “social”, possédant la culture, à des fins d’intégration sociale = formation du citoyen.

Préparer les élèves à jouer un rôle actif et positif dans la société.

 

Dans une conception citoyenne de l’EPS, il ne faut pas craindre une modification profonde de la pratique sociale et de ses règles constitutives. Les techniques sportives peuvent ne pas être prédominantes.

 

 

 

Un point de vue naturaliste/développementaliste ?

 

Développer les ressources qui vont permettre des conduites motrices efficaces.

 

Les conduites motrices impliquent la question de l’apprentissage ; il s’agit d’apprendre à l’élève à mieux se connaître pour être capable de faire des choix raisonnés dans quelque domaine que ce soit.

 

A travers cela, il est aussi question d’adaptation. Je sais apprendre, j’ai acquis une méthodologie qui me permet d’être autonome dans la recherche d’informations utiles.

Je sais donc modifier mon attitude pour apprendre et m’adapter de façon optimale. Je gère mes émotions, prend en compte l’importance de la communication…

 

Enfin, au-delà de l’acte moteur, la conduite motrice implique l’élève dans sa totalité ; ainsi, l’élève agit en donnant un sens à ce qu’il fait. Cette signification est dominée par ses représentations, son vécu, ses relations avec les autres, avec l’enseignant, ses émotions face à l’activité, ses satisfactions face au progrès…

Dans le Dossier EPS n°4, Pierre Parlebas intitule un article « L’éducation des conduites motrices de décision » ; il dit que dans chaque action motrice toute la personnalité est intensément sollicitée dans la pratique sportive, les facteurs passionnels entremêlés aux facteurs rationnels (1990, 3e éd. (1969))

 

Cela pourrait représenter 3 façons d’aborder une didactique de l’EPS à travers les APSA, objet d’enseignement exclusif de la discipline depuis les années 1960. Peut-être que l’entrée par un des trois items se détermine selon le contexte ? Le besoin des élèves ?... Mais attention, en tous les cas, les trois champs doivent être parcourus dans la pratique quotidienne. L’enseignant doit, à sa façon, jongler entre ces différentes entrées.

 

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